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L’herbe est plus verte au Canada - Libre Belgique


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L’herbe est plus verte au Canada

Alice Dive

Mis en ligne le 14/02/2013

Décentralisation, philanthropie... les raisons du succès éducatif canadien sont multiples. Le ministre flamand de l’Enseignement est en ce moment en visite au Québec et en Ontario. "La Libre" y a posé ses valises quelques jours plus tôt.

L’herbe est toujours plus verte ailleurs", paraît-il. D’accord. Mais lorsque vous débarquez dans un pays où le thermomètre affiche royalement les -38°C - qu’est-ce qu’on gèle ici! - reconnaissons que l’expression prend soudainement une petite pointe d’ironie. Welcome, bienvenue au pays des caribous.

Trêve de plaisanteries. Vous l’avez compris, l’adage est à prendre au sens figuré. Et force est de constater que le Canada ne déroge pas à sa réputation de "leader" mondial en matière d’éducation.

Faut-il le rappeler, le Canada figure parmi les pays les mieux "notés" dans le fameux classement international PISA et ce, après la Finlande et une poignée de villes asiatiques (Shanghai, Hong Kong...).

PISA pour "Program International Student Assessment", c’est cet ensemble d’études menées tous les trois ans par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) visant à mesurer les performances des systèmes éducatifs de ses 34 pays membres et de 40 pays partenaires. Plus précisément, cette enquête vise à évaluer les compétences des élèves de 15 ans dans trois domaines : la lecture, les mathématiques et les sciences. De manière cyclique, les élèves sont ainsi interrogés sur un domaine défini comme majeur, et sur les deux autres mineurs. La lecture était le domaine majeur de la dernière édition (2009). Ainsi, par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE qui est de 500 points en lecture, le Canada se situe bien au-delà avec 524 points.

Mais arrêtons-nous quelques instants. Car si les autorités canadiennes accordent de l’importance à la position de leur pays dans le classement mondial - essentiellement par rapport à celles des Etats-Unis, de la Grande Bretagne et de l’Australie - force est de constater que le débat porte davantage sur la place qu’occupent les provinces les unes par rapport aux autres. Tiens donc, nous y voilà.

Ainsi, à l’instar de ce qui se fait chez nous où l’enseignement relève de la compétence de chacune des trois Communautés du pays (française, flamande et germanophone), le Canada présente autant de systèmes éducatifs qu’il y a de provinces (dix) et de territoires (trois) en son sein.

Un modèle décentralisé considéré comme l’une des clés du succès du système éducatif nord-américain. "Chez nous, il y a clairement un nivellement par le haut", nous explique-t-on dans les rangs du ministère ontarien de l’Education. "Chaque province tente de mettre tout en œuvre pour obtenir de meilleurs résultats que son voisin. Et cela marche !", nous assure-t-on.

Ainsi, avec 531 points en lecture, l’Ontario occupe la seconde place (au niveau national donc) - après l’Alberta - dans le classement PISA, tandis que le Québec, avec 522 points, se situe un peu sous la moyenne nationale. Une course à la réussite scolaire qui, visiblement, continue d’en inspirer plus d’un.

C’est ainsi que le ministre flamand de l’Enseignement, Pascal Smet (sp.a), est en ce moment même en visite au Québec et en Ontario. Pour rappel, c’est précisément la Communauté flamande qui se distingue dans la dernière édition PISA, en dépassant de 19 points (519 donc) en lecture la moyenne des pays de l’OCDE. On ne peut pas en dire autant de la Communauté française qui, malgré des progrès significatifs en lecture, se situe sous la moyenne nationale (506 points) avec 490 points.

Le Québec et l’Ontario pour Pascal Smet donc... "La Libre" y a posé ses valises une semaine plus tôt. Le Québec, l’exemple d’un progrès en marche...

Peuplé de plus de huit millions d’habitants, le Québec, majoritairement francophone, fait partie des "moins bons" élèves de la classe nationale. Il occupe en effet le neuvième rang parmi les dix provinces canadiennes en ce qui concerne le taux d’achèvement des études secondaires.

Concrètement, il y a quatre ordres d’enseignement au Québec. L’école maternelle (de 4 à 6 ans), non obligatoire, n’est pas considérée comme un ordre d’enseignement. Ainsi, un jeune québécois fera six années de primaire (de 6 à 11 ans), puis cinq années de secondaire (de 12 à 16 ans). L’obligation scolaire est fixée à 16 ans. Autrement dit, le jeune peut arrêter l’école une fois âgé de 16 ans, et même à 15 ans s’il fête son seizième anniversaire dans l’année.

Ceci étant, l’idéal est bien entendu de poursuivre son cursus au-delà du cycle secondaire. Ainsi, le jeune pourra entrer au collège, plus précisément au cégep (collège d’enseignement général et professionnel) dès l’âge de 17 ans à condition d’avoir son diplôme de secondaire en poche. Là, il aura deux possibilités : étudier deux années générales pour se préparer à l’université, ou suivre une formation technique et professionnalisante lui permettant de se lancer dans la vie active au terme de trois années d’apprentissage. L’université constitue ainsi le quatrième ordre d’enseignement.

Bien évidemment, en théorie, tout cela paraît bien limpide. Mais la réalité sur le terrain québécois est toute autre. Quelques chiffres interpellants. Au Québec, un "gars" - comme disent les Québécois - un gars sur trois et une fille sur cinq n’a toujours pas son diplôme de secondaire en poche à l’âge de 20 ans. Cela correspond à un écart de 13 % entre les filles et garçons. "C’est l’un des écarts les plus importants au Canada", déplore Egide Royer, professeur à la faculté d’Education de l’Université Laval (Québec), par ailleurs psychologue : "Le Québec est aussi la province du Canada où on médicalise le plus : 70% des garçons prennent de la Ritaline chez nous( ou "Rilatine" en Belgique, un médicament prescrit aux enfants atteints de troubles du déficit de l’attention), c’est énorme !" s’exclame-t-il. Et d’insister : "La problématique du décrochage scolaire ou plutôt de la persévérance scolaire - je préfère utiliser un terme positivement connoté - est vraiment l’un de nos chevaux de bataille au Québec".

Le taux de diplomation comme objectif à atteindre

Il faut dire que, au niveau éducationnel du moins, le Québec a un passé bien à lui. Pas de véritable système scolaire public, peu pour ne pas dire pas du tout d’universités, mise sous tutelle cléricale... jusque dans les années 60, le Québec affichait un retard conséquent sur le reste du pays. Il faudra attendre 1964 pour voir émerger un ministère de l’Education dans la province. A partir de là, démarre alors ce que les Québécois appellent la "révolution tranquille". Apparition d’un système scolaire public à part entière, régionalisation de l’enseignement secondaire, création des fameux cégep et d’un réseau universitaire, des avancées significatives voient progressivement le jour. Lentement mais sûrement.

Ainsi, alors que le taux actuel de diplomation à l’échelle nationale atteint les 92%, il n’est encore que de 73 % au Québec. "Notre objectif est de parvenir à 80% de taux de diplomation chez les jeunes de moins de 20 ans d’ici 2020", nous expose-t-on du côté du ministère québécois de l’Education.

Pour ce faire, les pouvoirs publics ne ménagent pas leurs efforts. Formation d’enseignants dits "ressources" chargés de soutenir les professeurs eux-mêmes dans leur mission d’aide aux élèves en difficultés, mise en place de plans d’actions permettant l’accompagnement personnalisé des élèves - majoritairement issus de milieux défavorisés - via un sytème de "coaching", de "mentoring", instauration d’une multitude de programmes "passerelles" donnant la possibilité aux "décrocheurs" scolaires de "raccrocher" en cours de parcours... les projets se multiplient.

Une philanthropie nord-américaine qui interpelle

Et s’ils foisonnent, c’est aussi grâce au soutien financier du secteur privé, et même de la société civile dans son ensemble. Banques, groupes financiers et autres mécènes fortunés... les Québécois, et plus globalement les Canadiens, s’avèrent être de grands philanthropes. "Le mécénat d’entreprise est très prégnant en Amérique du Nord", nous confie le directeur général d’une grande banque montréalaise. Qui poursuit : "Les milieux d’affaires prennent de plus en plus conscience que l’éducation est un domaine crucial. L’excellence, cela se paie."

A Verdun, dans un quartier défavorisé de Montréal, c’est précisément grâce aux dons qu’existe l’association "Toujours Ensemble". Depuis 2007, cette ASBL propose aux 600 enfants qui se présentent quotidiennement chez elle le programme "Passeport pour ma réussite". Un programme développé à l’échelle nationale ("Pathways to Education Canada" en anglais) visant à lutter contre le décrochage scolaire dans les milieux pauvres, et à favoriser au sein de ceux-ci l’accès aux études post-secondaires.

"Tous les jours, les enfants du quartier viennent ici, sur le temps de midi pour prendre un repas chaud, et après l’école", nous raconte-t-on. Les plus petits participent à diverses activités, pendant que les grands font leurs devoirs avec leurs tuteurs respectifs. Chaque année, nous épargnons 500 dollars par jeune. Au bout de leurs cinq années de secondaire, ils disposent ainsi d’une bourse de 2500 dollars grâce à laquelle ils pourront poursuivre leurs études." Une véritable chance pour Thalie, 17 ans, qui raconte : "Je suis venue ici, à ‘Toujours Ensemble’ pendant toute ma scolarité. Aujourd’hui, je suis diplômée du secondaire et je viens d’entrer au cégep. Je suis la seule et la première de ma famille à faire des études. Durant la fin du secondaire, j’ai travaillé plus de 30 heures par semaine dans un resto pour aider mon père financièrement."

En effet, au Québec, les jeunes peuvent signer un contrat de travail dès l’âge de 14 ans. Le marché de l’emploi étant plus florissant en Amérique du Nord qu’il ne l’est en Europe, les jeunes même peu qualifiés trouvent facilement du travail. Mais où est donc le problème dans ce cas ? "Ce n’est pas parce que les jeunes trouvent plus aisément du boulot que la question du décrochage scolaire devient banale", insiste-t-on dans les rangs ministériels. Au contraire, il y a chez nous une véritable interférence entre le marché du travail et la capacité à être et à rester étudiant. C’est là qu’est le véritable challenge dans notre province."

Un défi de taille que pouvoirs publics et société civile relèvent ensemble au Québec, et dans tout le Canada d’ailleurs... pour que tout un chacun puisse accéder à l’éducation, quelle que soit son origine culturelle ou son milieu socio-économique.

source : http://www.lalibre.be/actu/belgique/article/796946/l-herbe-est-plus-verte-au-canada.html

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